
1 manoir sur une ile
3 adultes
7 adolescents
10 coupables
1 vengeance
Coupés du monde, sans moyen de communication, les candidats vont devoir s’affronter en « prime time » sur une chaine nationale. Ils ne le savent pas encore mais le jeu a déjà commencé… et il n’y aura pas de gagnants.
Moi, lui, Elle. Nous sommes tous des monstres, même toi, Tyron … des montres. Et nous allons mourir, pour expier. Tous mourir. Moi, lui, Elle. Même toi, Tyron. Mourir. Des monstres.
J’ai été absolument conquise et époustouflée par ce roman, à la croisée du policier et du thriller.
Une réécriture originale qui remet au goût du jour un classique
Réécrire l’un des plus grands chefs d’œuvre de la littérature policière anglaise, il s’agit déjà là d’un défi en soi, mais en plus, réinventer les Dix petits nègres d’Agatha Christie à la sauce moderne et/ou contemporaine, c’est très audacieux et j’avoue que cela m’a beaucoup intriguée, et c’est ce qui m’a poussé à passer outre mon « aversion » pour le polar/thriller. Et je dois dire que je ne suis absolument pas déçue par Dix. Marine Carteron a fait très très fort, car son récit est très bien transporté à notre époque, et il est très cohérent. L’idée de l’Escape Game littéraire diffusé en prime time, le manoir hyper moderne sur une île isolée de tout etc, tous ces éléments permettent de donner un souffle résolument plus moderne à cette histoire, sans pour autant la dénaturer. Autre point que j’ai beaucoup apprécié, ce sont tous les clins d’œil à l’œuvre originale et la façon dont l’auteure s’est appropriée celle-ci pour proposer sa version de ce classique. Je n’en dirais pas plus pour vous laisser la surprise si ce n’est que l’idée des contes est géniale, et vraiment très bien trouvée.
Amateurs de frissons et d’ambiance pesante, vous allez être conquis
Âmes sensibles, passez votre chemin, car l’auteur ne s’embarrasse pas des fioritures. Les scènes de meurtres sont très crues, je salue d’ailleurs Marine Carteron pour son inventivité, et les chefs d’accusation mettent tous très mal à l’aise le lecteur. Le gros point fort du roman que je n’ai pas encore abordé, c’est que ce livre est encore plus malsain que le roman d’origine. L’ambiance des Dix petits nègres est déjà assez lourde, et elle s’alourdit de chapitre en chapitre, mais alors dans Dix, celle-ci est très sombre pratiquement tout de suite. Dès les premières pages, on est plongé dans une ambiance très étouffante, très noire, dû aux multiples secrets des « candidats ». Dès le début, on sent que quelque chose cloche avec ces personnages, qu’ils ne sont pas totalement blanc comme neige. Peut-être l’ai-je déjà dit, mais j’adore les ambiances comme celle-ci, ça apporte vraiment quelque chose à l’histoire, et je trouve qu’ici, l’ambiance est totalement raccord avec le texte.
Personnages antipathiques, présents !
Nous avons très rapidement abordé les personnages plus haut, personnages qui sont on ne peut plus affreux. Je dois dire les avoir trouvé détestables dès le début, l’auteur en a fait des personnalités très antipathiques, ce qui est clairement voulu et j’aime beaucoup ça. Elle a d’ailleurs pris le temps de bien développer chaque personnage, chaque personnalité est très complexe, torturée, tordue. On retrouve également des personnages stéréotypés : la fille populaire, le garçon séducteur, la sportive, le geek, le surdoué, la métisse et bien d’autres, pour mieux se jouer d’eux.
Dernier point, mais non des moindres, je pensais jusqu’au bout avoir deviné le coupable dès les premiers chapitres, or pas du tout. J’avais bien trouvé quelque chose, mais qu’une infime partie de l’iceberg, j’ai été berné jusqu’au bout, bravo !
Conclusion
Dix est un huis-clos absolument fabuleux, un page-turner sanglant qui nous plonge dans un récit terriblement addictif. J’espère que vous vous laisserez tenter par cette histoire de vengeance. Marine Carteron peut être fière de son roman, j’ose espérer qu’Agatha Christie le serait tout autant.
- Dix – Marine Carteron – Rouergue – publié le 20 mars 2019 – 14,80€
3 réflexions au sujet de “« Dix petits nègres s’en furent dîner…» Et si on lisait une belle réécriture des « Dix petits nègres » ?”