Un petit prélude, cela vous tente ?

Il règne sur les coulisses. Elle s’épanouit sous les projecteurs.

Erik « Fish » Fiskare étudie à l’université de Philadelphie pour devenir technicien de théâtre. À vingt-deux ans, il est en couple avec Daisy Bianco, son âme sœur, une magnifique et talentueuse ballerine à l’avenir prometteur. Entre elle et son meilleur ami, le charismatique et passionné William Kaeger, partenaire de danse de Daisy, il trouve enfin son équilibre.

Entourés de leurs amis et mentors, Fish et Daisy construisent au fil du temps leur amour et leur quotidien comme on bâtit une cathédrale.

Mais quand une tragédie touche leur groupe, c’est la cathédrale de leurs vies qui tombe en ruine.

Le jeune machiniste découvre alors que face à l’adversité, l’amour n’est pas toujours suffisant pour vous faire rester. Pourtant, c’est parfois aussi la seule chose qui peut vous faire revenir.

Il resta assis à l’observer pendant que les molécules de son corps se réagençaient doucement 

Je vais être honnête, je ne sais pas comment commencer, comment exprimer toutes les émotions que j’ai ressenti durant ma lecture de Prélude.

Des émotions brutes et intenses

J’ai commencé Prélude un peu par hasard je l’admets. En le commençant, j’étais loin de me douter que je tomberais sur cette pépite, ni que je ressortirais aussi bouleversée par cette lecture. Ce roman m’a complètement chamboulé, m’a fait mal, ne m’a pas laissé indemne, m’a brisé le cœur plus d’une fois mais paradoxalement, c’est ce qui m’a le plus plu avec ce roman. Il nous pousse hors des sentiers battus, ne nous ménage absolument rien, nous fait ressentir la rage, la peine, la tristesse à un degré inimaginable, il ne nous laisse pas indifférent et c’est ça le point important. Contrairement à beaucoup de romans, Suanne Laqueur ne cherche à aucun moment à édulcorer son histoire ou les émotions de ses personnages, elle ne nous épargne pas, nous lecteurs. Nous sommes malmenés par une vague d’émotions brutes, à chaque chapitre, chaque page, et j’aime ressentir ça pendant une lecture, sentir que l’auteure veut au maximum nous immerger dans son roman, veut qu’on ressente ce que les personnages ressentent.

On ne peut que se sentir impliqué dans l’histoire, comme un personnage secondaire, marchant aux côtés d’Erik, l’accompagnant dans ses bons moments, mais aussi dans sa descente aux enfers. On assiste impuissant à la chute, dans ce gouffre sans fin, et on sombre avec lui.

« Tu peux cacher ta douleur ou faire comme si elle n’était pas là. Tu peux poser un tatouage dessus. Mais tu ne t’en libèreras pas tant que tu ne l’as pas ressentie »

Une plume magnifique, pour une lecture sur la corde raide

Prélude est dévastateur, c’est brutal, sans concession. Comme je l’ai dit plus haut, rien ne nous est épargné, c’est dur & poignant. C’est certainement le livre le plus dur, émotionnellement parlant que j’ai pu lire. Mais j’ai adoré ça, j’ai adoré ne pas être épargné, j’ai adoré que le roman ne reste pas en surface mais au contraire, creuse au plus profond des personnages, on est au plus proche des émotions des protagonistes, ça rend l’histoire encore plus réelle, encore plus intense, encore plus vivante & vibrante.

Plus les chapitres se déroulent, plus on creuse. J’ai été sans cesse surprise, sans cesse choquée par les chemins pris par l’histoire. C’est peut être bizarre à dire, mais j’ai eu l’impression d’être sans cesse sur le fil du rasoir, à attendre la chute, le coup, l’uppercut en pleine face. C’est comme être toujours à l’affût, ne jamais se reposer sur ses certitudes et ses acquis, être toujours poussé plus loin, poussé hors du sentier.

L’une des plus belles qualités de ce roman, outre les émotions qu’il nous fait ressentir, c’est la plume de Suanne Laqueur. Elle a véritablement un don pour décrire ses personnages et leurs émotions. Je me suis vraiment retrouvée dans la tête d’Erik plus d’une fois, tant l’autrice dépeint à la perfection ce qu’il ressent à tel ou tel moment. J’ai aimé cette plume si fluide, si incroyable qui m’a emporté, porté durant toute ma lecture.

Une histoire où l’on s’attache aux personnages au fil des années 

En commençant Prélude, je m’attendais à ce que l’histoire nous raconte la rencontre de deux personnages, leur histoire sur quelques semaines ou mois.  Or pas du tout. Nous suivons Erik pendant plusieurs années, nous voyons les relations que se forment, leurs évolutions, les liens qui s’effritent, les chemins qui se croisent, qui se décroissent. Nous assistons aux disputes, aux incompréhensions, au désespoir, aux pas-de-deux, aux moments de joies, de peine, aux petits rien et aux grands événements, nous vivons leurs vies à travers ses yeux à lui.

J’ai tellement aimé Erik, Daisy, Will, Lucky et tous les autres. La plume de Suanne Laqueur les dépeint si bien, avec tellement de réalisme. Ils sont devenus des compagnons, des amis, au fil des pages. Ils sont plus que des êtres de papier, ils sont tellement plus que ça.

Prélude est une histoire de seconde chance, de pardon, de rédemption, une histoire d’amour qui se construit telle une cathédrale, pierre après pierre, avec patience et quelques maladresses.

En bref …

Prélude est le genre de roman que l’on vit avec le cœur, qui reste gravé au plus profond de nous-mêmes. Le genre de roman dont on ne ressort jamais totalement, où une part de nous reste emprisonnée entre les pages.

Mon commentaire ne rend pas hommage à cette merveille qu’est Prélude. Je reste volontairement vague sur l’intrigue et l’histoire, car je considère qu’il faut les découvrir par soi-même pour vraiment apprécier ce roman. Je pourrais continuer d’en parler pendant des pages et des pages que ça ne représenterait pas un millième de ce que j’en pense, de ce que je ressens. Malgré tout, j’espère que vous vous laisserez tenter par ce roman, par cette plume, par ces mots …

Je veux être près de toi, je suis née pour être à tes côtés. Je veux te connaître dans la nuit. Je veux que tu me regardes avec tes mains, que tu me parles avec ton corps, que tu me le montres sans me parler 

• Erik et Daisy, Acte I: Prélude – Suanne Laqueur- MxM Bookmark, Collection Infinity – publié le 10 février 2017 – 25€ en version papier et 5.99€ en version numérique