Contemporain

Une fille facile, un livre qui ouvre les yeux sur la culture du viol

« Quand tu prononces un mot comme celui-ci, tu ne peux plus faire marche arrière. Fais comme s’il ne s’était rien passé. C’est plus simple comme ça. Plus simple pour toi. »
Emma a dix-huit ans, c’est la plus jolie fille du lycée. En plus d’être belle, elle est pleine d’espoir en l’avenir. Cette nuit-là, il y a une fête, et tous les regards sont braqués sur elle.

Le lendemain matin, ses parents la retrouvent inanimée devant la maison. Elle ne se souvient de rien. Tous les autres sont au courant. Les photographies prises au cours de la soirée circulent sur les réseaux sociaux, dévoilant en détail ce qu’Emma a subi. Les réactions haineuses ne se font pas attendre ; les gens refusent parfois de voir ce qu’ils ont sous les yeux. La vie d’Emma est brisée ? Certains diront qu’elle l’a bien cherché.

Il ne dit rien, pas comme avant tout ça, quand il me répétait que j’étais belle. Les garçons me le disent toujours, ils promènent leurs yeux avec avidité, comme s’ils cherchaient un endroit où planter un drapeau.

  • Je tiens à remercier Netgalley et l’éditeur pour m’avoir donné la possibilité de lire ce roman.

J’ai entendu parler de ce roman il y a quelques années, lors de sa sortie VO. Les commentaires en parlaient en bien alors j’étais très curieuse de découvrir ce roman, surtout qu’il parle d’un sujet vraiment très sensible et tabou.

Une lecture difficile de par le sujet

Je ne vais pas mentir, « Une fille facile » a été une lecture très difficile, émotionnellement très compliqué. Le livre, l’histoire est vraiment révoltante, m’a donné la nausée tant j’étais choquée et révoltée par le comportement des personnages. « Une fille facile » ne m’a pas laissé indifférente, loin de là.

L’auteure a fait en sorte de créer des personnages antipathiques, les secondaires comme les principaux, avec par exemple Emma. Honnêtement, ils sont tous immondes, et je pense que c’est voulu par l’auteure, surtout pour Emma. En effet, elle présente l’héroïne comme une fille superficielle, égoïste, légèrement méchante, à laquelle on ne peut s’attacher tant on a envie de la baffer, du moins ce fût mon cas. Quelque part, elle nous présente une fille tellement détestable, qu’on a envie de dire « Elle l’a bien méritée » et c’est justement le but de l’auteure et c’est ce qui fait toute la subtilité du roman !

On est tenté de penser la même chose que les personnages dans le roman, de dire qu’Emma n’aurait pas dû faire ce qu’elle a fait, qu’elle l’a voulu etc MAIS NON ! NON NON NON ! Personne, PERSONNE ne mérite ça, détestable ou pas, personne ne mérite ça, un viol est un viol, ce n’est pas parce que la personne n’a pas dit non qu’il s’agit de consentement. Beaucoup de raisons peuvent faire que ce non ne franchisse jamais les lèvres, la peur, la culpabilité, la honte, le dégoût. Ici Emma n’était pas consciente de ce qu’il se passait, elle était dans les vapes, alors oui elle n’a pas dit non, mais pouvait-elle le faire alors qu’elle n’était pas tout à fait consciente ?

Une histoire qui fait réfléchir, et apporte de vrais questionnements

Le roman pose énormément de questions, sur la notion du consentement notamment, mais aussi sur les conséquences que peuvent avoir le viol sur l’entourage, les amis, les coupables, et sur les réseaux sociaux, sur le danger qu’ils peuvent représenter.
Comme je l’ai dit précédemment, « Une fille facile » est révoltant, vraiment j’ai été écœuré par les réactions des personnages. « Emma l’a bien cherché » etc, c’est Emma la victime ici, et pourtant on ne le voit clairement pas, les garçons responsables ne sont presque pas inquiétés, se faisant passer pour les victimes, c’est juste monstrueux. Pareil pour la famille d’Emma, j’ai été abasourdie, comment peuvent-ils se comporter comme ça ? Seul son frère a trouvé grâce à mes yeux, parce qu’il me semble être le seul personnage stable, sensé de ce roman.

Louise O’Neill a vraiment écrit ce roman dans cette optique, de choquer les gens, de bousculer, dénoncer, de montrer à quel point c’est révoltant, et que la victime est bien la personne violée et pas l’inverse, et que ce n’est en aucun cas de sa faute, c’est un viol, pas un acte sexuel consenti !

La fin, alors cette fin, comment dire, ça a été le summum, le pire pour moi, dans le sens où elle m’a fait mal, mais vraiment mal. Je l’a trouve injuste, mais quelque part, de part la note de l’auteure qui explique pourquoi cette fin, je comprends et oui, il n’y aurait pas eu d’autre choix possible pour cette fin, malgré ma volonté d’avoir quelque chose de différent.

En bref

Une fille facile fût une lecture qui m’a sorti de mes sentiers battus, et m’a beaucoup bouleversé, m’a fait réfléchir aussi. Alors oui, le roman n’est pas facile, c’est difficile à lire parce qu’il s’agit d’un sujet tabou, mais c’est un sujet d’actualité, peut être pas la culture du viol en tant que tel, mais le viol et la question du consentement si, ça a une résonnance sur notre actualité, et c’est important d’en parler. Ce genre de roman est nécessaire, indispensable selon moi, pour dénoncer ce genre de pensée, dénoncer ce qui ne va pas, montrer l’absurdité des gens qui pensent que quelqu’un a mérité d’être violé. Personne ne mérite ça.

  • Une fille facile – Louise O’Neill – Edition Stéphane Marsan – publié le 16 mai 201818€

2 réflexions au sujet de “Une fille facile, un livre qui ouvre les yeux sur la culture du viol”

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